Katarina Taikon, 1953

L’envol vers une nouvelle vie

En 1948, Arne Sucksdoff, grande figure du cinéma documentaire suédois, décide de tourner dans un campement rom. Il a entendu parler de Katarina et lui propose un rôle dans son film Uppbrott. À ses côtés Rosa et Paul et une centaine d’autres Roms sont embauchés. Le film qui allie lyrisme et réalisme retrace les préparatifs de départ d’une compagnie rom. Uppbrott dont les dialogues sont en langue romani, est considéré comme la première œuvre cinématographique suédoise, rompant avec les images négatives habituellement véhiculées par le cinéma, à propos des Roms.

Cette année-là, Katarina réussit à se libérer des liens de son mariage. À nouveau la kris est convoquée et officialise la séparation des époux.

Katarina, Rosa et Paul sont embauchés pour tourner dans un autre film Singoalla une fiction historique que Katarina qualifiera plus tard de « film pathétique ». En 1952, elle interprète une pièce de théâtre et c’est aussi à cette époque qu’elle reprend les tournées de la fête foraine familiale avec son frère et sa sœur.

Les années 1950 marquent une rupture globale pour l’ensemble de la société : la jeunesse s’émancipe, particulièrement dans le milieu artistique et culturel que fréquente Katarina à cette époque. Dans ses ouvrages autobiographiques, Katarina ne s’étend pas sur cette période préférant parler de la condition des Roms, des difficultés qu’a subies sa famille, puis de son combat de militante.

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À l’automne 1958, Katarina intègre l’école pour adulte Birkagardens folkhogskola. À cette époque elle est mère de deux enfants, Angélica et Niki, d’un second mariage. Rosa étudie également dans cette même école. Katarina n’a pas encore de plan précis mais une chose est claire pour toutes les deux, leur identité rom est parfaitement assumée et ne sera pas un frein à leurs projets, aussi novateurs soient-ils.

En 1958, Katarina rencontre le photographe Bjorn Langhammer avec qui elle aura un troisième enfant, Michael. Ils se marient et pendant de longues années partagent une grande complicité intellectuelle et militante.

« Bjorn Langhammer et Katarina Taikon » DR

À la suite de sa formation elle prend la gérance du « Vips » à Stockholm, un Ice cream bar à l’américaine. Le charisme de Katarina et sa générosité vis-à-vis de ses clients assurent une réelle popularité à l’établissement mais sa vocation n’est pas celle d’une femme d’affaires.