THE DAY I AM FREE / Lawen Mohtadi
KATITZI / Katarina Taikon
Berlin : SternbergPress, 2019. 327 p.

THE DAY I AM FREE

Le livre « the day I am free » de Lawen Mohtadi, à l’origine du film TAIKON est un récit biographique qui croise archives et témoignages, pour présenter un portrait vivant et très documenté de Katarina Taikon. L’auteur restitue le contexte historique et les conditions de vie des Roms au XXe siècle fondées sur des siècles de persécutions et de discriminations et présente certains pans méconnus de l’histoire suédoise. Katarina Taikon est née en 1932 et elle a grandi dans une période où la sociale démocratie suédoise a développé ce qui a été nommé plus tard « l’état providence ». Mais à la même période, un autre courant a émergé, avec la création de l’Institut national de biologie raciale en 1922 à Uppsala, qui a posé les bases d’un racisme scientifique. Pendant plus de trois décennies, cet organisme a répertorié et diffusé des informations sur les différentes « races » présentes dans le pays. Dans la hiérarchie raciale ainsi définie, les Roms étaient non seulement exclus de la communauté suédoise mais comme les Juifs et les Sami, ils étaient considérés comme une menace pour la pureté et la pérennité de la race suédoise. En 1963, lorsque Katarina publie son premier livre « Zigenerska », celui-ci fait l’effet d’un choc sur la société suédoise, le pays entendant jouer un rôle phare dans le domaine de l’égalité et de la justice sociale. L’idéologie raciste était éradiquée des discours publics, mais dans la réalité, les Roms restaient encore, à cette période, victimes de l’exclusion et du rejet. Cette dualité entre le « roman national » suédois et la réalité concrète est le grand paradoxe des années 1960 et c’est dans ce contexte que Katarina Taikon est apparue sur la scène publique. C’est de cet impact qu’est né son combat et qu’il a trouvé sa légitimité, ainsi que le démontre L. Mohtadi tout au long de son récit.