Katarina Taikon lors d’une manifestation pour les droits des Roms en 1969. DR
Le combat pour les réfugiés
Une revue Zigenaren – Ame Besas est créée en 1965. Elle est rédigée par un petit groupe d’activistes, autour de Katarina et Rosa, et publiée à 3 000 exemplaires.

Au début de l’été 1967, Katarina reçoit un appel téléphonique : la municipalité lui demande d’intervenir auprès de familles roms qui ont installé leurs caravanes dans la zone portuaire. Il s’agit de familles qui arrivent d’Allemagne de l’Ouest. Ils sont sur le sol suédois depuis un an et ont demandé le renouvellement de leur permis de séjour mais se sont heurtés à un refus. Ils expliquent à Katarina qu’ils sont venus en Suède pour fuir l’Allemagne et les traumatismes du génocide, plus de trente personnes de leurs familles ayant été exterminées à Treblinka. « Nous ne voulons pas que nos enfants grandissent en Allemagne ni qu’ils y fassent leur service militaire » déclare Sergu Kwiek.

Bien qu’elle pressente les difficultés, Katarina ne peut refuser d’aider ce groupe. Dès le mois de juin, elle se rend au ministère de l’Intérieur, avec Maruzia Kwiek porte-parole des familles.

Katarina Taikon s’entretient avec la police après avoir déposé une pétition au Ministère de l’intérieur– 1967. Photo : Göran Sjöberg / SvD / TT

Le 15 août, la Commission indépendante pour les étrangers donne son verdict : les familles doivent être expulsées. La déception est immense et Katarina fait appel. La presse est alertée et relaye la situation. Une pétition est lancée qui reçoit de nombreux soutiens. Une grande partie de l’opinion publique se range du côté des réfugiés et de Katarina. On l’arrête même dans la rue pour lui dire « Ça va marcher ne vous inquiétez pas ». Une manifestation au Château royal rassemble un large public. Katarina obtient un nouveau rendez-vous au cabinet ministériel. Cette fois c’est une victoire ! Les familles obtiennent le droit de rester.

Au cours de l’été 1969, des familles roms en provenance d’Italie, d’Espagne et de France sont menacées d’expulsion. Finalement certaines d’entre elles obtiennent un permis de séjour, mais pour d’autres la demande est rejetée. Il s’agit des familles venues de France qui vont être désignées par la suite, comme « le groupe des 47 ». Katarina est appelée à la rescousse et se rend compte qu’elles ont été mal accompagnées dans leur demande, notamment à cause de problèmes de traduction ; elle dépose donc un recours pour les familles.

Il fait déjà très froid en ce début d’automne et la situation des familles devient très précaire. La presse s’en émeut, suit les discussions qui s’instaurent avec les services de l’immigration. À l’issue d’un long et éprouvant « bras de fer » avec les autorités, le groupe des 47 est finalement expulsé en novembre 1969.