
À l’issue de cette bataille épuisante pour le groupe des 47, Katarina est hospitalisée pour une double pneumonie, dans un état de fatigue extrême, physique et morale. Les demandes d’aide continuent à affluer, comme au long de toutes ces dernières années où elle n’a pas ménagé ses forces, donnant à tous l’impression d’être invincible.
À l’aube des années 1970, un nouveau tournant s’ouvre pour elle. Katarina prend alors la décision de mener son combat sous une autre forme, en s’adressant aux plus jeunes, par le biais de la littérature, pour tenter de déraciner le racisme anti-tsigane dont elle fut à la fois, l’observatrice et la victime tout au long de sa vie. Sous une forme romanesque, elle met ainsi en scène, le récit de son enfance et de son adolescence.
Le premier volume de Katitzi paraît au cours de l’année 1969. Le succès est tout de suite au rendez-vous. Les lecteurs réclament la suite… Tout au long de la décennie, la série Katitzi connaît un très grand succès populaire. Katarina met toute son énergie dans l’écriture de ces 13 volumes jusqu’à la publication du dernier tome en 1981. Les jeunes lecteurs peuvent suivre les aventures de Katitzi qui a 7 ans et se trouve dans un orphelinat lorsque débute la série, puis aux retrouvailles avec sa famille au gré des vicissitudes de leurs parcours à travers la Suède, jusqu’à son mariage arrangé par ses parents à l’âge de 14 ans. La série évolue au cours des années s’adressant initialement aux plus jeunes, elle s’ouvre au fil des années à un public plus âgé, qui grandit avec son héroïne. L’un des volumes Katitzi Z-1234 s’inspire de l’histoire de Sofia-Brezinska Taikon, sa cousine par alliance, rescapée d’Auschwitz.

De toutes les épreuves qui jalonnent sa vie, Katitzi sort victorieuse, car elle lutte avec courage et détermination pour les affronter et trouver la meilleure voie possible. À ce titre, la série Katitzi initie une nouvelle étape de la littérature d’enfance et de jeunesse suédoise, avec des romans de style réaliste dont l’héroïne prend pleinement son destin en main. Bien que dans un autre registre, elle incarne un personnage qui comme « Fifi Brindacier » (Pippi Långstrump en suédois, de l’auteure Astrid Lindgren) a contribué à lutter contre les représentations stéréotypées des enfants, dans les livres pour la jeunesse.
Pour les jeunes suédois, en parlant de sa propre enfance, Katarina devient le personnage de Katitzi. Elle prend plaisir à faire la tournée des écoles. Elle est soulagée de ne plus être obligée de répondre aux sempiternelles questions de ces interlocuteurs adultes : « Que font les Tsiganes ? De quoi vivent-ils ? etc. »
Le livre est adapté en bande dessinée et devient également une série télévisée très populaire, dont le générique est composé et interprété par Hans Caldaras compagnon de lutte de Katarina. Il est également adapté au théâtre.
À ce jour la série a connu de nombreuses traductions dont 6 volumes parus en français dans La Bibliothèque Rose. Les livres ont connu plusieurs rééditions dont la série complète aux éditions Natur und Kultur ainsi qu’une traduction anglaise du premier tome dans le livre de Lawen Mohtadi « The day I am free »


Hans CALDARAS sur le tournage de Katitzi
Hans Caldaras
Depuis lors, il milite pour les droits de l’homme, en plus de son travail d’artiste professionnel et de conférencier. Caldaras a été le premier artiste rom en Suède à enregistrer un disque, avec des chansons traditionnelles en dialecte Kalderaš. En 2002, il a écrit une autobiographie, « I betraktarens ögon » (Dans les yeux du spectateur).En 2002, Caldaras a été élu membre du Pen Club suédois. De 2007 à 2011, il a été directeur du Centre culturel rom de Stockholm. De 2007 à 2010, il a été membre de la délégation gouvernementale pour les questions roms, et en 2012, il a fait partie de l’initiative internationale des aînés roms à Berlin, visant à assurer l’érection du Mémorial aux Sinti et aux Roms victimes du national-socialisme. En 2016, il a été le premier lauréat du prix Katarina Taikon, décerné par la ville de Stockholm.
Caldaras traduit régulièrement des livres en romani. Ces dernières années, Caldaras a consacré une grande partie de son temps à lutter pour les droits des Roms pauvres, principalement originaires de Roumanie et de Bulgarie, qui émigrent en Suède et dans d’autres pays pour échapper à la discrimination. (Jan Selling 2018)

Sofia Brezinska-Taïkon
Au printemps 1945, deux jeunes filles arrivent en Suède dans les bus de Croix Rouge qui a recueilli des survivant des camps nazis. Âgées de 14 ans, Hanna et Sofia Brezinska, originaires de Pologne, sont cousines. Elles ont perdu toute leur famille dans les camps. Elles doivent cacher le fait qu’elles sont Roms car aux yeux de la loi qui interdit l’entrée de Roms sur le territoire suédois, elles seraient en situation illégale, c’est pourquoi elles se présentent comme juives.
Katarina fait la connaissance de Sofia qui a épousé un de ses cousins, à Tanto. Trente ans plus tard, elle consacre un volume de la série Katitzi à l’histoire de Sofia (renommée Zoni dans le roman) où elle fait ressortir la banalité du mal et la normalité apparente des bourreaux d’Auschwitz et des autres camps.
(Le récit de Sofia Taikon SOFIA Z-4515 collecté par Gunnilla Lundgren et illustré par Amanda Eriksson est publié aux édition Folk er Folk.)